La prochaine interdiction des oreillettes
Tous les systèmes utilisant des oreillettes ou des casques devraient être interdits d’ici l’été.
Parmi les produits qui offrent la possibilité de téléphoner les mains libres, les oreillettes sont les systèmes les plus connus. Techniquement, elles se présentent sous la forme d’un petit embout venant se glisser dans l’oreille et contenant à la fois un haut-parleur, un microphone et une touche permettant d’accepter un appel entrant et d’y mettre fin. Elles sont reliées au téléphone de l’utilisateur en Bluetooth (connexion hertzienne) ou par un fil. Ce sont ces systèmes qui, selon les dernières déclarations de Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, ne pourront plus être utilisés par les conducteurs d’automobiles à compter du 30 juin prochain.
Si l’on se fie au communiqué de presse publié par le ministère de l’Intérieur le 26 janvier 2015 intitulé « Sécurité routière : 26 mesures pour une nouvelle mobilisation », l’interdiction ne visera pas seulement les oreillettes mais le port de « tout système de type écouteurs, oreillette, casque... susceptible de limiter tant l’attention que l’audition des conducteurs » (mesure n° 22).
Gare aux amendes
Aujourd’hui, seule l’utilisation d’un téléphone au volant est interdite par l’article R. 412-6-1 du Code de la route. Cette règle ne concernant toutefois que le conducteur et non les passagers. Elle n’est applicable que lorsque le véhicule est engagé dans un flux de circulation, en mouvement ou à l’arrêt (feu rouge par exemple). Enfin, elle ne proscrit pas le fait de téléphoner, mais l’usage d’un téléphone « tenu en main ». Bien entendu, la lecture et a fortiori la rédaction et l’envoi d’un SMS sont également interdits. Les sanctions encourues sont une amende de 135 € et un retrait de 3 points sur le permis du contrevenant. Fort logiquement, l’utilisation d’un kit mains libres doté d’une oreillette devrait tomber sous le coup de cette réglementation.
Les systèmes autorisés
Les kits mains libres sans oreillettes, les autoradios Bluetooth et les systèmes embarqués ne devraient pas être concernés par le changement de règlementation.
Les kits mains libres sans oreillettes
Non visés par la prochaine interdiction, les kits mains libres sans oreillettes prennent la forme d’un boîtier de moins de 100 grammes qui, grâce à une pince, vient se fixer sur le pare-soleil du véhicule. Munis de boutons permettant de décrocher, de raccrocher, de monter ou de baisser le son, ils sont équipés d’un haut-parleur ainsi que d’un micro.
Dès qu’ils sont connectés au téléphone du conducteur (Bluetooth), ils téléchargent son répertoire. Il devient alors possible d’appeler un de ses contacts, sans devoir prendre en main le téléphone, via un système de reconnaissance vocale. La plupart de ces produits offrent un système de contrôle vocal permettant au conducteur d’accepter ou de refuser un appel entrant. Ces kits sont vendus entre 30 € et 100 €.
Autoradios Bluetooth…
Si les kits mains libres classiques offrent de nombreuses fonctions, ils sont rarement équipés de haut-parleurs puissants, obligeant ainsi leurs utilisateurs à baisser le son de l’autoradio lorsqu’ils souhaitent converser avec leur correspondant. Aussi, un certain nombre de fabricants proposent des autoradios pouvant être couplés avec des téléphones. Dès lors, non seulement la communication est de meilleure qualité, mais en plus la gestion des volumes sonores est automatisée.
Ainsi, lorsque le conducteur reçoit ou décide de passer un coup de fil, le son de la radio ou de la musique est réduit, permettant alors un confort de conversation optimal sans aucune manipulation. Outre les principales fonctions des kits mains libres, ces autoradios offrent la possibilité d’écouter la musique stockée sur le smartphone avec lequel ils sont couplés. Les autoradios proposant des fonctions téléphoniques avancées sont vendus à partir de 150 €.
… et systèmes embarqués
À noter enfin que la plupart des véhicules récents de moyenne et haute gamme, français comme étrangers, sont équipés d’un système embarqué qu’il est possible de coupler avec un ou plusieurs téléphones et offrant les mêmes fonctionnalités que celles proposées par les autoradios Bluetooth.
Au même titre que les kits mains libres sans oreillettes, les autoradios Bluetooth et les systèmes embarqués ne devraient pas être concernés par la prochaine interdiction.
Et demain ?
Avec ou sans oreillettes, téléphoner au volant reste dangereux.
Sans vouloir jouer les Madame Soleil, il y a peu de chance que le gouvernement en reste là. Nombre d’études démontrent en effet que le seul fait de téléphoner au volant réduit considérablement l’attention du conducteur. Une des dernières études* scientifiques parues a été menée par le centre d’investigations neurocognitives et neurophysiologiques de l’université de Strasbourg. Réalisée pour le compte de la Fondation Vinci autoroute, cette étude, publiée en septembre 2014, a permis de mesurer les effets des conversations téléphoniques sur les capacités d’attention et de perception des conducteurs. Les résultats sont sans appel : diminution de 30 % des informations enregistrées par le cerveau, de 50 % du champ de vision du conducteur, allongement des temps de réaction et enfin maîtrise aléatoire des dépassements et des trajectoires. Une dégradation importante des capacités qui, précise l’étude, est la même que le conducteur téléphone en utilisant une oreillette (filaire ou Bluetooth), un kit muni d’un haut-parleur ou le téléphone tenu contre l’oreille. Des données scientifiques qui, en toute logique, pourraient conduire à terme l’État a tout simplement interdire l’usage du téléphone au volant, quelle que soit la technique utilisée.
* Étude menée auprès de 3 500 conducteurs pour partie sur le réseau autoroutier et pour partie sur simulateur en laboratoire.
© Les Echos Publishing - 2015